Principal marqueur du marché de l’entretien automobile, le freinage représente une vitrine pour les réseaux, et un produit d’appel. Star des distributeurs de pièces détachées, le duo plaquettes-disques reste convoité par tous les équipementiers, malgré une conjoncture et des perspectives contraintes.
Le marché du freinage demeure un produit phare de la rechange. Il constitue l’une des principales motivations d’entrée en atelier, derrière la vidange et la filtration.
Produit de “consommation courante”, le freinage intervient tôt dans l’entretien d’un véhicule, dès 60 000 km sur un modèle thermique. A défaut d’une valeur conséquente, il génère des volumes de rechange notable.
Pour autant, le segment n’est pas un long fleuve tranquille. Sur le plan conjoncturel, le marché est aujourd’hui confronté à une crise aux multiples facettes. Elle est liée à la pandémie, mais aussi à la pénurie de conteneurs et à l’augmentation des coûts des matières premières (aluminium, alliage, métaux…). Les hausses des coûts atteignent 300%, tandis que les coûts du transport sont multipliés par quatre! Pour l’heure, l’inflation est répercutée à la marge par les équipementiers qui absorbent les surcôuts.
Plaquettes et disques, le duo gagnant!
Produit d’appel par nature, le freinage bénéficie de la sensibilité des automobilistes pour une pièce de sécurité soumise à l’usure et au contrôle technique. Sur ce secteur, le potentiel en volume à aller chercher est réel. Le ratio de remplacement s’établit à 2.5 (soit un changement de disque tous les 2.5 jeux de plaquettes). La subtilité repose sur l’analyse des contrôleurs techniques.
Les véhicules actuels sont plus lourds, le diamètre de roue accrue : l’évolution impose des disques plus imposants, donc plus coûteux en matière première.
Sur le plan technologique, à la différence des pièces de fonderie que peuvent être les disques, la qualité de conception des plaquettes constitue un atout concurrentiel certain. Avec un enjeu majeur en terme de composition et de dessin des pièces à l’heure des modèles électrifiés.
Des marques historiques challengées.
Sur le plan commercial, le freinage se compose d’une vingtaine de catégories (disques, plaquettes, étriers, flexibles, capteurs, servo frein, liquide …). Ses ramifications comportant jusqu’à 15 000 références du côté de TRW, contre moins de 3000 pour d’autres fournisseurs.
Les marques premiums conservent leur place sur le marché, en particulier sur les plaquettes de frein. Sur ce segment des pièces de sécurité, le nom des fabricants (tels que Ferodo, Bosch, TRW…) continue de rassurer les automobilistes. A la différence des disques où l’érosion des équipementiers de première monte ou de qualité équivalente à l’OE se révèle plus marquée face à la pression des MDD et des emballeurs. Pour information, les revêtements de certaines gammes n’empêchent pas toujours les vibrations. Les accessoires de montage ne sont pas nécessairement fournis à la rechange, et l’épaisseur des plaquettes peut différer de l’origine.
Néanmoins, le potentiel du marché semble suffisant pour satisfaire les ambitions des MDD comme des marques historiques ou alternatives, et de mettre l’accent sur les synergies entre les familles de produits : disques, plaquettes, flexibles, PSD …
Quant au montage, il devra être fait dans les règles de l’art : nettoyage, liquide de frein, boulonnerie, flexible, capteur “ABS”, disque remplacé simultanément avec les plaquettes de frein … le “cercle vertueux” évitera les retours ou l’insatisfaction qui pourront impacter l’e-réputation du garagiste.
Des perspectives contraintes.
Face à l’électrification du parc roulant, les perspectives à une échéance de dix ans à quinze ans du marché de la rechange du freinage interroge forcément.
Les difficultés pourraient toutefois s’accroître avec l’instauration des ZFE (zone à faibles émissions). Un facteur supplémentaire repose sur la loi d’orientation des mobilités (ou LOM). Au 1er janvier 2022, 10% des flottes devront être électrifiées. Et jusqu’à 50% à partir de 2030.
Dans le même temps, la généralisation progressive des ADAS, en particulier du front assist, associée au freinage régénératif des modèles électrifiés, favorise une usure moindre des éléments. L’échéance de remplacement des plaquettes de frein situées sur le train avant atteint 120 000 km sur un modèle hybride, et 160 000 km sur une version full électrique! Résultat, le volume des pièces pourrait être divisé par 2.5 d’ici 15 ans! A noter que le système électrique ne suffit pas à ralentir seul un véhicule lancé à 130 km/h. Les modèles électrifiés en particuliers hybrides, sont aussi plus lourds : mécaniquement, les disques et les plaquettes sont davantage sollicités.
Quant aux nouveaux comportements associés au télétravail, à la baisse du kilométrage annuel ou au recours à des modes de déplacement doux (bicyclettes et trottinettes électriques … ), nous rappelle qu’un véhicule qui roule peu s’use indirectement. Les dépôts de calamine et de rouille formant une pellicule sur les disques de frein par exemple.
Les leviers de croissance existent aussi, en particulier autour des flexibles, du liquide de frein (pour éviter la présence d’humidité qui détériore les centrales EBS et ABS) ou encore des disques. Le freinage n’a pas dit son dernier mot!